Oscilloscope FNIRSI DPOX180H numérique à phosphore 2-en-1 (Critique)

Les oscilloscopes ont connu beaucoup de progrès au cours des deux dernières décennies. Il y a vingt ans, j'utilisais encore occasionnellement mon oscilloscope analogique à tube cathodique à faisceau unique de 20 MHz parce qu'il était relativement petit et peu lourd à transporter pour travailler sur le terrain. Je l'avais acheté vingt ans plus tôt pour près de 1 000 euros (convertis en valeur monétaire actuelle). Aujourd'hui, j'ai reçu l'oscilloscope numérique à échantillonnage de 180 MHz à 2 canaux DPOX180H de Fnirsi, qui tient dans la poche de mon manteau, pèse 285 g et se vend moins de 150 euros. Il comprend même un générateur de formes d'ondes arbitraires de 20 MHz.

Base classique

Le DPOX180H est un oscilloscope portable à deux voies mesurant 142 mm × 92 mm × 39 mm. Il dispose de toutes les fonctions que l'on peut attendre d'un oscilloscope de base comme d’une gamme verticale de 5 mV à 10 V et d'une gamme horizontale de 5 ns à 50 s (voir ci-dessous). Les options de déclenchement sont limitées à l'automatique, au manuel et à single avec front montant ou descendant, ainsi que trois niveaux de réjection HF (quatre si l'on compte la désactivation). Les canaux d'entrée ont un couplage AC ou DC (pas de GND) et acceptent des sondes 1×, 10× et 100×. Un filtre passe-bas matériel peut être activé pour limiter la bande passante analogique à 20 MHz. La seule option « deluxe » ici est l'affichage FFT qui superpose un spectre en temps réel du signal. Le menu Param measure propose d'autres mesures automatiques, mais là encore, rien d'extraordinaire.
 

Boutons et molettes

Les oscilloscopes ont besoin de boutons et de molettes. Le DPOX180H dispose de 26 boutons-poussoirs, dont un bouton de configuration « Auto », qui accélèrent considérablement la navigation dans ses paramètres. Un bouton « Menu » permet d'accéder à tout (sauf au générateur de signaux), mais s'il n'y avait eu que cela, l'instrument aurait été difficile à utiliser. C'est pourquoi les gens de Fnirsi ont prévu des boutons de raccourci qui ouvrent directement les sous-menus. Les menus « trigger » et « channel » ont leur propre bouton de raccourci, tout comme le menu « measurement ». Le générateur de signaux dispose également de son propre bouton, ce qui est très pratique.

 

Contrôle de la trace

Les boutons sont remplacés par des boutons Haut/Bas. Il y a une paire pour l’axe verticale et une pour l’axe horizontale, ainsi qu'une paire pour le niveau de déclenchement. En outre, quatre touches fléchées permettent de déplacer les traces vers le haut et le bas, et vers la gauche et la droite. Le bouton « Mod/OK » détermine quel canal est contrôlé par les touches fléchées. Le bouton « Move » fait basculer la vitesse de ces paires de boutons entre lente et rapide, ce qui permet d'accélérer le réglage des paramètres. Une pression sur le bouton « Orig » ramène les traces à zéro ; un bouton « 50% » ramène le niveau de déclenchement à 50%. Le bouton « Zoom » vous permet de zoomer sur une partie du signal. Dans ce mode, les boutons « H+ » et « H- »  contrôlent le niveau de zoom.

En mode de fonctionnement normal, le bouton « Sto/Ret » arrête ou démarre les traces. En mode menu, il s'agit d'un bouton de retour. Le bouton « Mod/OK » est le bouton de confirmation/sélection en mode menu.

Capture d'images et de formes d'onde

Enfin, les boutons « SaveP » et « SaveW » permettent d'enregistrer des captures d'écran (« 'P'icture ») et de données (« 'W'aveform »). Le DPOX180H dispose d'un espace mémoire suffisant pour effectuer de nombreuses captures. La capture d'écran fonctionne également en mode menu, ce qui vous permet de prendre des photos de vos réglages. Cela peut s'avérer utile, car l'oscilloscope ne sauvegarde pas ses paramètres à la mise hors tension. Il est possible d'enregistrer un ensemble de paramètres en allant dans le menu, mais c'est un peu fastidieux. Un navigateur de données est disponible pour gérer et visualiser les captures.

Un affichage brillant

Le DPOX180H est commercialisé comme un oscilloscope à phosphore. Le phosphore fait référence à l'écran. Je ne sais pas ce qu'il ajoute exactement à l'écran (laissez un commentaire si vous le savez), mais le résultat est un écran avec un angle de vision remarquable et des couleurs agréablement lumineuses. Il n'y a pas d'angles morts, vous pouvez voir ce qui est affiché à n'importe quel angle inférieur à 180° et dans toutes les directions. Les mises à jour de l'écran sont très rapides.

 

D'autres points forts

Le Fnirsi DPOX180H présente d'autres points forts que ceux mentionnés jusqu'à présent :

• L’appareil s'allume rapidement ; il est prêt à fonctionner en quatre secondes environ.
• L'interface utilisateur est assez intuitive ; les boutons de commande sont bien choisis. Vous n'avez pas besoin du manuel pour comprendre comment l'utiliser. Si vous avez besoin de vérifier quelque chose, vous pouvez le faire, car un manuel imprimé est inclus.
• L'option de température de couleur offre une certaine persistance.
• Il existe une fonction intéressante de capture et de relecture des formes d'onde. Vous pouvez capturer une partie d'une trace et utiliser le générateur de signaux pour la rejouer sous forme d'onde. Dans le menu, cette fonction s'appelle « Capture output », dans le manuel, elle s'appelle « Clipping wave ».
• Excellente qualité de fabrication et bonne conception mécanique avec les bonnes dimensions, ni trop petites, ni trop grandes, ni trop lourdes.
• Son prix.
• Ai-je mentionné l'écran ? Il est excellent.

Générateur de signaux intégré

Le DPOX180H est équipé d'un générateur de signaux arbitraires de base. Il peut générer des ondes sinusoïdales jusqu'à 20 MHz et d'autres formes d'onde jusqu'à 10 MHz. Comme mentionné ci-dessus, il est également possible de charger le générateur de signaux avec une forme d'onde capturée à partir d'une trace de signal. Seule la fréquence du signal de sortie peut être contrôlée, pas le décalage ni l'amplitude (qui est d'environ 1,50 V crête à crête (centrée autour de 1 V CC) et diminue un peu pour les fréquences plus élevées). Le rapport cyclique est réglable pour les ondes carrées (rectangulaires/impulsionnelles). La sortie se trouve sur deux languettes entre les connecteurs de la sonde.

 

Problèmes logiciels

Même si le DPOX180H possède des caractéristiques impressionnantes, surtout au vu de son prix, il présente quelques points faibles. La plupart d'entre eux sont liés au logiciel et pourraient être corrigés par de futures mises à jour du micrologiciel. J'ai effectué mes tests après avoir mis à jour le micrologiciel à la version V40.

À quelques reprises, en jouant avec les touches fléchées, l'appareil s'est bloqué et j'ai dû l'éteindre et le rallumer pour qu'il redémarre. Ce n'est pas dramatique, sauf que l'appareil ne conserve pas ses réglages pendant les cycles d'alimentation, ce qui signifie que vous devez tout réajuster pour revenir au point où vous étiez avant le blocage. Notez que le blocage ne s'est produit que lorsque l'appareil était froid. Il ne s'est pas reproduit au cours de mes six heures d'essai.

L'affichage est le tampon de données ?

Un autre problème lié au déplacement des traces est que lorsque vous en déplacez une vers le haut, elle s'accroche au haut de l'écran. La partie qui devrait être invisible devient une ligne horizontale, ce qui perturbe l'utilisateur. Les mesures automatiques et la trace FFT montrent qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème d'affichage. Ces valeurs semblent être calculées à partir de ce que vous voyez à l'écran plutôt qu'à partir des données réelles. Par exemple, la valeur crête à crête d'une trace devient 0 lorsque la trace est déplacée hors de l'écran (et devient une ligne horizontale en haut de l'écran). Le spectre d'un signal change également lorsque des parties de celui-ci sortent de l'écran. Par conséquent, pour que les mesures automatiques soient correctes, il faut s'assurer que le signal tient sur l'écran.

Le niveau de déclenchement se déplace avec la trace, mais continue à se déplacer même lorsque la trace a cessé de monter ou de descendre. Le déclenchement est alors perdu et vous devez le réajuster. En appuyant sur « Orig », la trace et le niveau de déclenchement sont ramenés à 0, ce qui vous fait à nouveau perdre votre point de déclenchement.

 

Où se trouve l'option 50 s/div ?

L’axe horizontale est spécifiée pour s'étendre à 50 secondes par division. Cependant, le bouton « H- »  s'arrête à 20 s/div. Pour passer à 50 s/div, vous devez appuyer à nouveau sur ce bouton, puis sur une touche flèche. En rapport avec ce problème, le clavier ne répond plus à partir de 20 s/div, et il est difficile de quitter ce mode. Il semble que le fait d'appuyer une ou plusieurs fois sur la touche « H+ », puis sur une touche flèche après quelques secondes, suffise ; parfois, il est plus facile d'éteindre et de rallumer l'appareil. Le problème semble être que la plupart des touches ne sont lues qu'après un balayage complet. À 50 s/div, cela correspond à dix minutes avant qu'une telle pression de touche ne soit traitée...

Pas d'horodatage

Un problème mineur est que le DPOX180H ne semble pas garder trace de l'heure et de la date. Vous vous demandez peut-être pourquoi, mais le résultat est que les fichiers capturés ont tous la même heure et la même date (21/11/2021 12:00 dans mon cas).

Connecteur peu pratique

Une dernière chose que j'aimerais mentionner est le connecteur de sortie du générateur de signaux, ou plutôt les languettes. Au lieu d'un connecteur BNC, il se trouve sur deux languettes semblables à des pointes de test (signal et GND), comme les languettes d'étalonnage des sondes que l'on trouve sur de nombreux oscilloscopes. C'est très bien pour calibrer une sonde, mais la connecter à un circuit à tester est un défi. 

Easter Eggs?

Dernière remarque : l'interface utilisateur est en anglais, mais l'appareil peut être commuté en anglais, chinois, russe ou portugais (les mêmes langues que dans le manuel d'utilisation). Pour ce faire, il suffit d'appuyer sur le bouton « Move » lors de la mise sous tension. Je ne pense pas que cela soit mentionné dans le manuel, du moins je ne l'ai pas vu. De même, si vous appuyez sur la touche « Menu » lors de la mise sous tension, l'appareil passera en mode de mise à jour du micrologiciel. Il s'agit d'un raccourci pour mettre l'appareil en mode clé USB et accéder aux fichiers qui y sont stockés.
 

Conclusion

Même si le DPOX180H a quelques points faibles (qui pourraient être corrigés au moins en partie par une mise à jour du firmware), ils sont compensés par ses points forts et surtout par son prix. Il se peut que je ne rende pas justice au DPOX180H, mais je n'ai pas pris la peine de vérifier si l’appareil répondait entièrement à ses spécifications. Les personnes travaillant à près de 200 MHz souhaitent probablement un meilleur déclenchement et davantage d'options de contrôle de la trace. Cet oscilloscope est cependant un excellent outil pour les ingénieurs de maintenance, les makers et les amateurs qui manquent d'espace et/ou d'argent. Sa taille est presque parfaite et il est facile à utiliser. En bref, un excellent rapport qualité-prix. Et, j'adore l'écran.