En Suisse, des chercheurs ont fabriqué un memristor qui pourrait servir dans de nouveaux types d’ordinateurs. On sait qu’Intel et HP se sont lancés dans une course pour commercialiser des memristors, un nouveau composé électronique qui pourrait remplacer les mémoires flash (DRAM). Les memristors nécessitent moins d’énergie et offrent des densités d’intégration plus fortes. Ils n’existent hélas qu’à l’état de prototype. Un memristor expérimental, basé sur une couche de perovskite de 5 nm d’épaisseur, a montré que ce composé possède trois états résistifs stables. Ainsi, il peut enregistrer non pas seulement les bits, 0 et 1, mais également des informations à trois états, des trits : 0, 1, et 2.
 
Il pourrait donc être également utile pour une informatique qui n’est pas basée sur une logique binaire. C’est intéressant pour la logique floue, qui incorpore une forme d’incertitude dans le traitement de l’information numérique. Autre application potentielle : l’informatique neuromorphique, qui cherche à reproduire la manière dont les neurones du cerveau traitent l’information. Les propriétés instantanées d’un memristor dépendent de ce qui passé avant, explique Jennifer Rupp qui co-dirige ces travaux à l’ETH de Zurich. Comme les neurones qui ne transmettent l’information qu’une fois un certain seuil d’activation atteint.
 
Les chercheurs ont avant tout caractérisé de manière très détaillée les modes de fonctionnement du dispositif grâce à des études électrochimiques. « Nous avons pu identifier les éléments qui transportent l’électricité et comprendre leur rapport avec les trois états stables, note la chercheuse. Il s’agit de connaissances précieuses en sciences des matériaux qui seront utiles pour affiner les modes d’opération de la mémoire et augmenter son efficacité. » Le principe du memristor avait été décrit pour la première fois en 1971, comme le quatrième composant élémentaire des circuits électroniques (aux côtés de la résistance, du condensateur et de l’inductance). Dès les années 2000, des chercheurs ont proposé que certains types de mémoires résistives pourraient fonctionner comme des memristors.