Ohm sweet Ohm, mais jusqu'où ? À quel niveau la loi d'Ohm cesse-t-elle d'être valide ? Quelques mailles d'un réseau cristallin ? Quelques centaines d'atomes ? Seulement une dizaine ? La question n'est pas que théorique, elle marque un emplacement-clé de ce que les anglophones appellent The Wall, la limite technique à laquelle se heurteront les industriels avec des transistors devenus si petits que leur bon fonctionnement ne dépendra plus que du comportement quantique de quelques électrons.
Dans l'édifice que représente la Physique, les objets des sous-sols les plus profonds ne se laissent en effet plus éclairer par les lumières de la physique classique. Et à l'échelle atomique, même les lumières de la physique quantique ne peuvent surprendre les intrigues d'un électron que de façon fugitive.
Alors à quelle bizarrerie s'attendre lorsque l'on mesure la résistance d'un conducteur de taille nanométrique ? À des bizarreries justement.
Janvier 2012 : une équipe australienne fait circuler un courant dans un nanofil de silicium de 1,5 nm de diamètre (la largeur de 4 atomes !) Contrairement aux prévisions théoriques et à la grande surprise des chercheurs, l'évolution de la résistance reste linéaire à cette échelle, donc conforme à la loi d'Ohm. L'équipe prédit un bel avenir à la loi de Moore.
Novembre 2012 : une équipe de chercheurs canadiens mesure le comportement de charges électriques traversant le point de contact entre deux nanofils, constitués respectivement d'or et de tungstène. Le courant mesuré est cette fois-ci 10 fois plus faible que celui prédit par la théorie. Cette baisse inattendue du courant risque de diminuer l'espérance de vie de la loi de Moore.

Le débat est ouvert : la loi de Moore shootée au sirop d'érable ou ensuquée dans la Vegemite ?

 

photo : University of New South Wales (modélisation d'un nanofil de 4 atomes de diamètre)