Un gigaoctet par seconde dans l'infrarouge
Le Niagara dans un robinet, en matière de débit c'est presque ce que nous promettent la prochaine mouture Wifi 802.11ac et le projet de norme WiGig. Les données Wifi surfent sur des ondes centimétriques, voire millimétriques pour le WiGig, qui fonctionne sur la bande des 60 GHz.
Elles gigoteront, et même gigaocteront, également bientôt dans l'infrarouge : Frank Deicke, du Fraunhofer Institute for Photonic Microsystems, a mis au point un « module de communication multi-gigabit » capable de transmettre dans l'infrarouge des données à un débit d'un gigaoctet par seconde, soit un débit 6 fois rapide que l'USB2, 46 fois plus rapide que le Wifi actuel, et 1430 fois plus élevé que celui d'une connexion Bluetooth.
L'objectif de ce module infrarouge est d'accélérer le transfert vers un PC des gigaoctets que prennent désormais les images en haute définition des caméras numériques ou de certains smartphones. Le goulot d'étranglement des transmissions étant le temps pris à encoder et décoder les données, le chercheur a développé et combiné différentes techniques matérielles et logicielles pour réduire la durée de ce traitement. L'une d'elles exploite un petit émetteur-récepteur optique de la taille d'un ongle, qui contient à la fois une diode laser pour l'envoi des impulsions lumineuses, et un photodétecteur pour la capture du signal. Un ongle d'enfant, précise le chercheur, sans doute au cas où certains auraient spontanément pensé à un ongle d'éléphant.
L'équipe de Deicke a aussi élaboré des mécanismes de correction d'erreurs pour compenser les pertes d'information dues à l'affaiblissement et à la distorsion des signaux infrarouges dans l'air.
La faible puissance de la liaison infrarouge implique en outre, comme le sait depuis longtemps l'homme-zappette, que caméra et ordinateur puissent se regarder droit dans les yeux, bref qu'à l'exception de quelques chips ou fleurs il n'y ait pas d'obstacle entre eux. Pas de problème selon les concepteurs, il suffit de placer la caméra près de l'ordinateur. En attendant un coup de fil peut-être sans fil des constructeurs, Franck Deicke a obtenu un débit de 3 gigaoctets par seconde.