Volta, Ampère et Ohm sont des patronymes devenus unités de mesure, que nous utilisons fréquemment. Quand pensons-nous à ces savants extraordinaires qui ont jeté les bases de l'électronique moderne ? Après avoir fait la connaissance récemment de Messieurs Volta et Ampère, voici le troisième homme, cet épisode aura pour héros Herr Ohm.
Pour un électronicien, 1789 est une date à retenir, car c'est celle de la naissance de Georg Simon Ohm. De sept enfants, seuls lui, son frère Martin (1792), et sa sœur Elisabeth Barbara (1794) atteindront l'âge adulte. Leur serrurier de père instruit ses deux garçons en mathématiques, physique, chimie et philosophie. Johann Wolfgang Ohm était un autodidacte qui aurait aimé devenir scientifique. Ses fils aussi.
Préfère jouer au billard
G.S. entre donc à l'université mais préfère le billard aux abaques, de sorte que Papa Ohm l'envoie gagner sa vie de par le monde et par ses propres moyens. Et c'est ainsi qu'il vadrouilla, bien modestement, comme professeur et précepteur privé, avant de revenir à l'Université d'Erlangen pour obtenir son doctorat en 1811, la même année que son jeune frère Martin.
Dans l'ombre de son frère
Martin entame une carrière de mathématicien qui le mène droit à un poste de professeur à l'Université de Berlin. Moins chanceux, G.S. pédale dans la choucroute et, pour survivre, enseigne dans des écoles médiocres, à Bamberg et à Cologne, tout en rêvant d'un vrai travail, dans une vraie université, comme son brillant frérot. En vain. La vie lui résiste.
Agis comme un savant pour en devenir un
À ce point de sa vie solitaire, célibataire et maussade, G.S. pense que pour devenir un savant, il doit agir comme tel et commence donc à mener des expériences et à publier ses résultats. Inspiré,
comme André Ampère, par le physicien danois Hans Christian Ørsted qui constatait en 1820 la déviation d'une aiguille magnétique par un courant électrique circulant à proximité, G.S. concentre son attention sur l'électricité et le magnétisme.
Georg Simon Ohm publie son premier article
Publié en 1825, le premier article de notre homme porte sur la relation entre la diminution de la force électromagnétique exercée par un fil conducteur de courant et la longueur de ce fil. Un domaine exploré par d'autres savants comme Antoine-César Becquerel (à ne pas confondre avec son petit-fils Henri) et Peter Barlow qui tentaient de formuler une loi qui décrive correctement ce phénomène. Barlow s'en est approché, mais il est coiffé sur le fil par G.S.. Celui-ci forge le concept de résistance interne d'une batterie. Cette idée brillante n'est pas seulement à l'origine de sa célèbre loi, elle lui permettra de répondre à des questions sans réponse depuis des années.
Ohm et sa théorie de l'électricité
En 1827,
comme André Ampère, Georg Simon Ohm présente sa théorie de l'électricité dans son opus magnum “
Die galvanische Kette, mathematisch bearbeitet" (La chaîne galvanique étudiée mathématiquement). Elle est rapidement adoptée par la communauté scientifique, sauf en Allemagne où la physique est non mathématique. Sa renommée et sa stature n'y font rien, G.S. n'obtient toujours pas de poste dans une université. La réputation de son frère, considéré comme " dangereux révolutionnaire ", suite à un désaccord avec le ministère de l'Éducation, y est peut-être pour quelque chose.
Tout est bien qui finit bien
À la fin de sa vie, même les Allemands ne pouvaient plus ignorer l'importance de l'œuvre de Georg Simon Ohm et c'est ainsi qu'en octobre 1852, il obtient la chaire de physique à l'Université de Munich, moins de deux ans avant sa mort.
Question qui n'a rien à voir : à quoi peut bien correspondre le code de couleur des quatre bandes sur la résistance reproduite sur le joli timbre des postes germaniques émis en 1994 en hommage à notre héros Herr Ohm ?