Tâtez autour de vous, vous verrez, le règne du vivant aurait pu s'appeler le règne du mou. Et puisque la robotique s'inspire des stratégies élaborés par les organismes vivants pour se déplacer, rien d'étonnant donc à ce qu'il existe des robots mous.

Un robot mou ressemble souvent à une étoile de mer blanchâtre plus ou moins manchote, à trois, quatre ou six bras. Des actionneurs pneumatiques et des valves glissés dans ces bras permettent de gonfler et dégonfler certaines parties de la chose pour la faire avancer sur toutes sortes de terrains. Dans la vidéo ci-dessous, on voit ainsi un robot mou se faufiler sous un obstacle. Il évoque plus un ivrogne à quatre pattes tentant de rentrer chez lui en se glissant sous la porte qu'une élégante étoile de mer, mais ça passe. Et ça intéresse beaucoup les militaires, qui financent une grande partie de ces recherches.

Évidemment, avec une vitesse de 40 m/h, on se demande pourquoi ils ne dressent pas plutôt des escargots d'attaque, mais ces robots sont sans doute envisagés pour l'exploration de sites difficiles d'accès ou pour des missions de sauvetage. Comment dans ce cas accélérer leur vitesse ?

Des chercheurs d'Harvard ont trouvé une solution : faire bondir les robots mous en injectant dans leurs bras un mélange d'oxygène et de méthane, et en déclenchant une explosion à l'aide d'une étincelle. Le robot s'envoie en l'air, c'est le moins que l'on puisse dire, puisqu'il atteint ainsi 30 fois sa hauteur. La puce fait mieux, 150 fois sa taille, le dauphin a été vu bondir de l'eau à 7 m de hauteur, une espèce de grenouille peut franchir 100 m en longueur, mais aucun ne se sert d'explosifs. Le seul être vivant à utiliser une réaction explosive est le bombardier, un insecte qui lâche sur ses assaillants un flamboyant prout de 100 °C par décomposition du peroxyde d'hydrogène. Quoi qu'il en soit, si la Nature n'a pas choisi cette voie, c'est qu'il y a forcément une raison...