Des lunettes pour dessiner
Depuis que Google propose ses fameuses lunettes, on parle beaucoup de réalité visuelle augmentée. Nous voudrions évoquer ici un projet plus ancien, moins ambitieux, mais non moins intéressant : des lunettes de dessin conçues pour Tony Quan, célèbre graffiteur de Los Angeles, dont il a recouvert les murs sous le pseudonyme Tempt One, avant d'être frappé de paralysie quasi générale.
Mick Ebeling, producteur audiovisuel et philanthrope, constatant que, faute d'assurance, de soutien et de moyens financiers, le graffiteur alité n'était pas équipé d'un dispositif de communication comme celui dont bénéficie l'astrophysicien Stephen Hawking, s'est mis à chercher un moyen analogue pour que Tempt1 puisse à nouveau communiquer et même pratiquer son art.
Il réunit autour de lui quelques bidouilleurs et programmeurs de haute volée et en à peine plus de deux semaines, ceux-ci réussirent, sans frais exorbitants, à fabriquer un système de détection de mouvements oculaires appelé EyeWriter. Une monture de lunettes, une caméra bon marché, quelques composants électroniques et un logiciel de décodage des signaux captés permettent désormais à Tempt1 de communiquer avec ses proches.
L'artiste regarde sa paire de lunettes sous tous les angles et ses pupilles se sont transformées en outils de dessin. Ses créations sont envoyées via l'internet puis reproduites dans la ville par des artistes-complices ! Depuis sa chambre d'hôpital qui est son nouvel espace virtuel de création, le graffiteur s'est remis à couvrir les murs de Los Angeles.
Le projet EyeWriter a obtenu le Prix Ars Electronica et le prix de la meilleure invention décerné par le magazine Time. Le dispositif est entièrement libre de droits, et le code est disponible en ligne.