C'est long, c'est vert, c'est froid, c'est l'avenir
Ach, la jolie ville allemande d'Essen, son lac, son vaste parc, son... euh... son église... sa boulangerie... ses mines de charbon... Enfin bref, ajoutons à Essen une nouvelle attraction, verte et azotée : le plus long câble supraconducteur au monde. Verte puisque ce câble remplace avantageusement une ligne haute tension intra-urbaine de 110 kV, azotée puisque le câble est refroidi à l'azote liquide (–200 °C). Le plus long câble supraconducteur était jusque-là celui d'une liaison souterraine triphasée longue de 600 m, installée sur l'île de Long Island, près de New York. D'une capacité de 547 MVA (2400 A sous 138 kV, soit de quoi alimenter 300 000 foyers énergivores), le câble avait été développé et fabriqué par le français Nexans dans le cadre d'une installation de test.
Ce même Nexans ajoute aujourd'hui 400 m à ce record, avec la pose d'un câble d'un kilomètre de long sous les trottoirs d'Essen. Ce câble concentrique triphasé de 10 kV peut transporter 40 MW et est associé, autre première, à un limiteur de courant supraconducteur qui protège contre les surintensités. Si ces câbles peuvent aujourd'hui concurrencer les solutions à base de cuivre dans les applications à consommation pantagruélique, c'est que les procédés de production ont été suffisamment optimisés. Les fils supraconducteurs sont désormais disponibles en longueurs et quantités satisfaisantes d'un point de vue technico-économique.
La ville d'Essen compte à terme restructurer son réseau intra-urbain au moyen de ces nouveaux câbles, qui par ailleurs peuvent être installés dans les emprises existantes. Un réseau de liaisons supraconductrices de 10 kV permettrait de se passer des postes transformateurs, gros consommateurs de ressources et de terrains, désengorgerait le réseau de cuivre, et réduirait les coûts d'exploitation et d'entretien.