42 avenue de la programmation
En 1979, l’écrivain Douglas Adams a catapulté le nombre 42 au cœur de son œuvre « Le Guide du voyageur galactique ». Dans ce roman, un ordinateur finit, après 7,5 millions d’années de calculs, par fournir la réponse 42 à une question qu’il a oubliée. Une deuxième épopée de calculs permet d’arriver à la question : « quel est le sens de la vie, de l’univers et du reste ». Ce nombre est surtout devenu un clin d’œil entre passionnés d’internet. Depuis quelques semaines, on sait également que 42 sera le nom de l’école de programmation lancée par Xavier Niel, créateur du groupe Iliad et patron de la société Free.
Cette école devrait ouvrir ses portes en novembre prochain, à une première cohorte de mille étudiants. L’accès et la sortie se feront sans diplômes, car selon les initiateurs de 42 « les entreprises achètent un savoir-faire et rien d’autre ». Comme de nombreux projets actuels sur l’internet, le cursus à 42 sera gratuit et financé par des fonds privés.
Au menu : 42 propose du code, de tous les types de codes. De quel genre de pédagogie s’agit-il ? Comment faire de la sylviculture dans la jungle de l'internet. Savoir planter des choux, bien entendu, mais à quelle mode ? Car même s'il s'en donne des airs, Xavier Niel est loin des lignes de force développées par Steve Jobs pour les apparences, mais il a saisi que l'innovation réside moins dans les éléments que dans la manière de les combiner. Les talents de camelot du capitaine et sa posture lui vaudront des critiques. Faut-il jeter la pierre à l'entrepreneur qui élève une génération de futurs travailleurs bon marché pour développer ses projets ? Xavier Niel veut favoriser la fluidité des compétences par un alliage de rationalisation et d'extravagance. Il étend les bases de son écosystème capitaliste et le met en réseau, dans une structure à son image : celle d'un homme qui a quitté le système scolaire à 20 ans pour faire de son inadaptation une force et qui s’exprime volontiers à coups de pieds dans la fourmilière.
42 sera-t-elle une école de futurs entrepreneurs non conformistes ou une station de décervelage pour codeurs amnésiques ? Les deux à la fois, mon capitaine ! Vogue la galère.