1,5 milliard d’euros pour un parc éolien offshore géant
Aujourd’hui, c’est un simple banc de sable. Autour, une étendue d’eau peu profonde balayée par des vents puissants, au cœur de la mer du Nord. Mais s’il ne tient qu’à TenneT, gestionnaire de réseau de transport électrique germano-néerlandais, Dogger Bank sera transformé en île artificielle, avec une plateforme de 6 kilomètres carrés servant à connecter, d’ici 2050, tous les parcs éoliens futurs de la mer du Nord. Et cette installation éclipsera tous les sites offshores actuels par ses dimensions...
Aujourd’hui, c’est un simple banc de sable. Autour, une étendue d’eau peu profonde balayée par des vents puissants, au cœur de la mer du Nord. Mais s’il ne tient qu’à TenneT, gestionnaire de réseau de transport électrique germano-néerlandais, Dogger Bank sera transformé en île artificielle, avec une plateforme de six kilomètres carrés servant à connecter, d’ici 2050, tous les parcs éoliens futurs de la mer du Nord. Et cette installation éclipsera tous les sites offshore actuels par ses dimensions.
Respecter les obligations de l’accord de Paris, qui prévoient de limiter le réchauffement global à 1,5 °C, est une tâche énorme. Et la plateforme de production éolienne de la mer du Nord proposée par TenneT est à la hauteur de ces enjeux. Créer à 125 km à l’est des côtes britanniques une île artificielle d'une superficie supérieure à la moitié de celle de l’île de Porquerolles, en Méditerranée, nécessite un investissement de 1,5 milliard d’euros. En retour, cette plateforme d’interconnexion consolidera jusqu’à 100 GW de parcs éoliens au milieu de ce siècle, soit un cinquième de la consommation d’électricité des ménages européens.
Mais il reste un long parcours à accomplir : en 2016, les fermes éoliennes offshore européennes ont à peine produit 12,6 GW. Il faudra en réalité obtenir 180 GW – près de 15 fois plus – en mer du Nord pour respecter les objectifs de la COP 21 en 2050.
Actuellement, les pays nordiques sont interconnectés de manière bilatérale : câble COBRA entre le Danemark et les Pays-Bas, BritNed entre le Royaume-Uni (Kent) et les Pays-Bas (province de Maasvlakte), liaison Viking Link envisagée entre le Royaume-Uni (Lincolnshire) et le Danemark (Jutland du Sud).
L’une des principales caractéristiques de la proposition d’interconnexion de TenneT est l’utilisation de la technologie CCHT (courant continu haute tension). Par principe, plus la distance est importante, moins l’électricité en continu est coûteuse. Cette approche est testée par la DTU, université technique du Danemark, à Kriegers Flak, ferme éolienne de 600 MW dans la mer Baltique entre Malmö (Suède) et l’île allemande de Rügen. Selon l’université danoise, conjuguer des systèmes alternatifs et des connexions en courant continu permettra de gagner en fiabilité et en rendement, mais aussi en flexibilité, avec la possibilité de connecter toutes les éoliennes offshore, ce qui est crucial pour équilibrer des ressources intermittentes.
Cette infrastructure pourrait, dans un futur proche, devenir l’épine dorsale de la plateforme énergétique de la mer du Nord : la technologie P2G permet de convertir de l’électricité en gaz pour stocker l’énergie excédentaire pour une utilisation ultérieure. Elle s’appuie soit sur l’électrolyse pour produire de l’hydrogène et de l’oxygène à partir de l’eau, soit sur la combinaison de l’hydrogène avec du CO2 pour fabriquer du méthane. Après conversion, il est possible, selon la saison, de stocker de grandes quantités d’hydrogène dans des champs de pétrole et de gaz épuisés et, si nécessaire, de les transporter vers le continent. En effet, les coûts de transport du gaz sont considérablement plus faibles que ceux de l’électricité.
À titre d’anticipation et de version réduite de la plateforme énergétique envisagée sur Dogger Bank, TenneT souhaite créer, d’ici 2015 à 2030, une plateforme énergétique insulaire de 13 GW aux limites des fermes éoliennes d’Est-Anglie (Royaume-Uni) et IJmuiden (Pays-Bas).
Image : vue d’artiste de l’île artificielle de Dogger Bank. Avec l’aimable autorisation de TenneT.
Respecter les obligations de l’accord de Paris, qui prévoient de limiter le réchauffement global à 1,5 °C, est une tâche énorme. Et la plateforme de production éolienne de la mer du Nord proposée par TenneT est à la hauteur de ces enjeux. Créer à 125 km à l’est des côtes britanniques une île artificielle d'une superficie supérieure à la moitié de celle de l’île de Porquerolles, en Méditerranée, nécessite un investissement de 1,5 milliard d’euros. En retour, cette plateforme d’interconnexion consolidera jusqu’à 100 GW de parcs éoliens au milieu de ce siècle, soit un cinquième de la consommation d’électricité des ménages européens.
Mais il reste un long parcours à accomplir : en 2016, les fermes éoliennes offshore européennes ont à peine produit 12,6 GW. Il faudra en réalité obtenir 180 GW – près de 15 fois plus – en mer du Nord pour respecter les objectifs de la COP 21 en 2050.
Plateforme internationale
La proposition de TenneT peut sembler colossale d’après les critères actuels, mais elle a aussi d’énormes avantages. Sur le continent, l’espace est insuffisant pour installer les équipements nécessaires à la production d'une telle quantité d’énergie. Plus les parcs éoliens sont éloignés du continent, plus les câbles d’alimentation sous-marins sont coûteux, sachant qu’ils représentent jusqu’à 30 % des coûts d’investissement initiaux. Et une île au cœur de la mer du Nord réduit sensiblement ces coûts. Les câbles transféreront non seulement l’énergie vers les pays connectés, mais ils serviront également de système d’interconnexion entre les marchés des pays bordant la mer du Nord, ce qui leur permettra d’échanger de l’énergie au-delà des frontières nationales.Actuellement, les pays nordiques sont interconnectés de manière bilatérale : câble COBRA entre le Danemark et les Pays-Bas, BritNed entre le Royaume-Uni (Kent) et les Pays-Bas (province de Maasvlakte), liaison Viking Link envisagée entre le Royaume-Uni (Lincolnshire) et le Danemark (Jutland du Sud).
Base pour les activités offshore
Surtout, associée à un port et un aéroport – voire même un hyperloop électrique entre l’aéroport Schiphol (Pays-Bas), Dogger Bank et Moray Firth au Royaume-Uni – cette île artificielle formera une base pour les activités opérationnelles et de maintenance, les emplois et les équipements qui manquent actuellement de ports pour les assurer. Ces activités sont essentielles pour les parcs éoliens, car elles constituent plus de 20 % du coût actualisé de l’énergie (LCOE), proportionnel à la distance des parcs par rapport au continent.L’une des principales caractéristiques de la proposition d’interconnexion de TenneT est l’utilisation de la technologie CCHT (courant continu haute tension). Par principe, plus la distance est importante, moins l’électricité en continu est coûteuse. Cette approche est testée par la DTU, université technique du Danemark, à Kriegers Flak, ferme éolienne de 600 MW dans la mer Baltique entre Malmö (Suède) et l’île allemande de Rügen. Selon l’université danoise, conjuguer des systèmes alternatifs et des connexions en courant continu permettra de gagner en fiabilité et en rendement, mais aussi en flexibilité, avec la possibilité de connecter toutes les éoliennes offshore, ce qui est crucial pour équilibrer des ressources intermittentes.
Petit frère
Il est donc tout à fait justifié que le port de Rotterdam et Gasunie aient rejoint, à l’automne dernier, le consortium de TenneT et Energinet (gestionnaire de réseau de transport électrique danois). Rotterdam voit des opportunités dans une telle plateforme énergétique alors que Gasunie, opérateur de gaz néerlandais, travaille actuellement sur des pilotes P2G (Power-to-Gas).Cette infrastructure pourrait, dans un futur proche, devenir l’épine dorsale de la plateforme énergétique de la mer du Nord : la technologie P2G permet de convertir de l’électricité en gaz pour stocker l’énergie excédentaire pour une utilisation ultérieure. Elle s’appuie soit sur l’électrolyse pour produire de l’hydrogène et de l’oxygène à partir de l’eau, soit sur la combinaison de l’hydrogène avec du CO2 pour fabriquer du méthane. Après conversion, il est possible, selon la saison, de stocker de grandes quantités d’hydrogène dans des champs de pétrole et de gaz épuisés et, si nécessaire, de les transporter vers le continent. En effet, les coûts de transport du gaz sont considérablement plus faibles que ceux de l’électricité.
À titre d’anticipation et de version réduite de la plateforme énergétique envisagée sur Dogger Bank, TenneT souhaite créer, d’ici 2015 à 2030, une plateforme énergétique insulaire de 13 GW aux limites des fermes éoliennes d’Est-Anglie (Royaume-Uni) et IJmuiden (Pays-Bas).
Coopération internationale
Bien qu’aussi ambitieux que coûteux, le projet de l’île de Dogger Bank est vu de manière favorable par les analystes et les entreprises spécialisées dans l’énergie. Cependant, la coopération des entreprises du secteur de l’énergie est d’une importance capitale : bien que le consortium soit solide et puisse assurer l’essentiel des investissements, TenneT n’est pas autorisé, en raison de la réglementation, à développer et construire des centrales de production. Des développeurs de parcs éoliens doivent donc entrer dans le projet.Impact écologique
Enfin, et c’est essentiel, un projet éolien de cette importance va inévitablement soulever des questions relatives à la protection de la flore et de la faune marines, et TenneT en est pleinement conscient. Dogger Bank est en effet une zone protégée dans le cadre de la réglementation Natura 2000. Une première étude écologique a montré des changements limités de la biodiversité et de la biomasse du fait de la plateforme énergétique insulaire. Toutefois, des mesures d’atténuation ou de limitation du bruit sous-marin pendant la construction sont nécessaires pour protéger les poissons et les mammifères marins. D’autres études seront également nécessaires pour étudier l’impact des opérations sur les aires de reproduction et d’alimentation des oiseaux migrateurs.Image : vue d’artiste de l’île artificielle de Dogger Bank. Avec l’aimable autorisation de TenneT.