L'ingénierie à petit budget : Un espace de travail électronique pour l'audio, la restauration d'objets anciens, et plus encore.
Allons à la rencontre de Keri Szafir, une ingénieure en électronique de Gdańsk, en Pologne, et découvrons son espace de travail électronique unique, où elle s'adonne à sa passion pour l'audio, les restaurations vintage et les solutions créatives. Ce laboratoire prouve que l'innovation n'exige pas forcément des coûts élevés !
Allons à la rencontre Keri Szafir, une ingénieure en électronique de Gdańsk, en Pologne, et découvrons son espace de travail électronique unique, où elle s'adonne à sa passion pour l´audio, les restaurations vintage, et les solutions créatives. Ce laboratoire prouve que l'innovation n'exige pas forcément des coûts élevés !
Que faites-vous comme travail ?Keri Szafir: Je suis une ingénieure en électronique dans le département R&D d'une entreprise fabricant des bornes de recharge pour véhicules électriques et je gère mon laboratoire depuis les années 2000 ! Je construis, répare, restaure, modifie et pratique la rétro-ingénierie sur des appareils électroniques, et principalement sur d'anciens appareils. De temps en temps, je crée des vidéos concernant ces appareils et les publie sur YouTube lorsque je les juge suffisamment intéressants pour les présenter au monde entier.
Comment décririez-vous votre espace de travail électronique ?
Keri: C'est mon laboratoire personnel où je réalise toutes sortes de travaux électriques et électroniques, avec un budget plus serré que les corsets d'Ethel Granger, où je possède ma petite chaîne YouTube channel. C'est également un petit musée d'électronique vintage et un local d'écoute.
Keri: Il se trouve dans une pièce assez grande (6 × 5 m) d'un appartement situé au cinquième étage d'un immeuble; ce qui représente un défi logistique. Il y a des fenêtres au plafond et est plutôt lumineux et spacieux. Comme il s'agit d'un immeuble, les plafonds sont hauts et il y a donc beaucoup de place sur les murs pour les affiches, pour exposer des objets, etc.
Depuis combien de temps disposez-vous de cet espace ?
Keri: Mon laboratoire actuel est opérationnel depuis trois ans et demi ; avant cela, j'avais un atelier partagé au "Book Art Museum", un atelier dans ma chambre lorsque j'habitais chez mes parents, et un atelier dans un minuscule sous-sol. Cela fait plus de 30 ans que j'ai commencé à bricoler alors que je n'étais qu'un enfant. L'idée de supprimer mon atelier/laboratoire et de me débarrasser de mon matériel ne m'a jamais traversé l'esprit. Il a toujours grandi avec moi et continuera de grandir jusqu'à ma mort.
Désirez-vous savoir où d'autres ingénieurs et créateurs travaillent sur des projets électroniques ? Jetez un coup d'œil à ces espaces de travail électroniques.
Lorsque vous avez conçu votre espace de travail, quels étaient vos principaux besoins et objectifs ?
Keri: En utilisant au mieux l'espace et les éléments dont je disposais, en contournant les limites d'un plafond incliné et (encore une fois) avec un budget plus serré que les corsets d'Ethel Granger.
Parlez-nous de vos intérêts techniques. Sur quels types de projets travaillez-vous dans votre espace de travail électronique ?
Keri: Principalement l'électronique audio (amplis à tubes à vide, tant pour la Hi-Fi que pour la guitare), la restauration d'anciens appareils, la domotique et l'utilisation de technologies anciennes telles que les dispositifs électromécaniques ou les tubes "VFD" (Vacuum Fluorescent Display, en français = afficheurs fluorescents). J'ai très envie de m'intéresser aux ordinateurs anciens et au matériel de commutation téléphonique. Pour mon travail et ma vie, j'ai quelques sources d'inspiration, la principale étant Fran Blanche (je ne serais pas en train d'écrire ceci sans l´interview qu´elle accordée à Elektor!), CuriousMarc, Usagi Electric, EEVBlog ou Look Mum No Computer! Au début des années 2000, j'ai été fascinée par la technologie des tubes à vide comme aussi par l'électronique de l'époque de la guerre froide grâce à la série de jeux de rôle informatiques post-apocalyptiques "Fallout", qui a fortement influencé mes goûts et ma vision de la vie. Elle m'a donné une direction, m'a rendu curieuse au sujet de l'électronique ancienne et m'a poussée à aller de plus en plus loin.
Je m'abonne
Abonnez-vous à la balise thématique Workspace pour être averti dès qu'une information relative à ce sujet sera publiée par Elektor ! Quels sont les outils et l'équipement dont vous disposez dans votre espace de travail ?
Keri: Un oscilloscope analogique "Tek468" avec un module "DSO" (Digital Storage Oscilloscope, en français = oscilloscopes à mémoire numérique) en option, un multimètre "Uni-T DMM" bon marché, ma bonne vieille station de soudure "Solomon", une alimentation avec plaque et filament conçue et fabriquée par Keritech et un testeur automatique de tubes à vide que j'ai construit à partir d'un projet tiré d'un magazine polonais d'électronique. J'ai également une belle collection de vieux appareils de test polonais, dont certains sont encore utilisés et d'autres conservés en tant qu'objets d'exposition. A cela s'ajoutent deux compteurs analogiques "V640", d'autres compteurs, un pont "Meratronik E316 RLC" et un générateur d'ondes sinusoïdales "Zopan PO-25A" que j'ai récupéré du laboratoire de physique lorsque j'étais au lycée, et quelques autres dispositifs. J'ai aussi un grand nombre d'oscilloscopes analogiques, un "Hameg HM204" qui était mon compagnon quotidien avant le "Tek", un "S1-64" de fabrication soviétique avec un écran ridiculement petit, et un "S1-112A" soviétique que j'utilise pour les réparations sur le terrain. J'ai aussi quelques alimentations linéaires anciennes.
Keri: Sans aucun doute le "Tek468" et le testeur de tubes Keritech, Je suis la fille qui possède un testeur de tubes à vide.
Y a-t-il quelque chose de spécial ou d'unique dans votre espace de travail ?
Keri: Il fallait avancer à petits pas et rester constamment sur ses gardes ; comme je dirigeais "Keritech" avec un revenu ridiculement bas, j'ai dû me débrouiller avec ce que j'avais ou ce que je pouvais obtenir gratuitement. Beaucoup de petites innovations, comme le stockage de mes fils sur des bobines situées sous l'établi, qui me permettent de tirer le fil dont j'ai besoin, en passant par des tubes en plastique traversant la table ; l'utilisation de bocaux de conservation (Mason jar) fixés sous les étagères pour le stockage du matériel ; un établi avec un testeur de consommation d'énergie intégré ("dim-bulb tester") ; une alimentation centrale de 12VDC et un tableau de distribution avec des interrupteurs et des prises avec fusibles ; un petit compresseur d'air silencieux équipé d'un réservoir de 5 litres que j'ai fabriqué à partir d'un compresseur de réfrigérateur ; un panneau marqué avec les contours de chaque outil ; un tiroir pour plaques à pâtisserie se trouvant sous l'établi contenant les outils que j'utilise tous les jours ; une tablette fixée à l'établi pour avoir un ordinateur portable toujours à portée de main sans que celui-ci n'y prenne trop de place ; des interrupteurs pour l'éclairage du laboratoire situés sur l'établi.
Prévoyez-vous quelque chose de nouveau pour votre espace de travail électronique ? Peut-être un nouvel équipement ou de nouveaux outils ? Ou peut-être allez-vous construire un nouvel établi ?
Keri: Je suis sur le point de déménager. Je vais être complètement déstabilisée. Beaucoup de choses vont changer, beaucoup de vieilles habitudes vont devoir disparaître, ce qui va être difficile pour moi qui suis atteinte du trouble du spectre de l'autisme. En ce qui concerne le matériel, je vais acheter un "Fluke 179" ou un appareil similaire, et probablement du matériel de test ancien comme des compteurs de fréquence avec des afficheurs "Nixie".
Keri: C'est probablement le rpi2caster — un contrôleur Raspberry Pi-based pour une machine de composition typographique "Monotype", inventée dans les années 1890 qui utilisait des commandes pneumatiques pour la sélection des caractères. C'est ainsi, qu'en 2014, j'ai fait la connaissance de "Raspberry" (mon premier prototype était basé sur le "mod B rev 1") ; j'étais très curieuse de connaître cette plateforme, ayant utilisé "GNU/Linux" pendant deux ans. J'ai appris des quantités de nouvelles choses, y compris la communication "I2C" et les circuits d'extension "GPIO MCP23017", la programmation "Python" et "C"... Il était important de s'assurer que l'électronique et le logiciel fonctionnaient correctement avant de se lancer dans l'achat de la partie la plus coûteuse du projet (4 blocs de 8 électrovannes dans un format compact, ressemblant légèrement à un moteur pas à pas) ; mais après l'avoir fait, j'ai alors effectué une démonstration de l'impression de "Hello World !" sur une machine à composer Monotype contrôlée par ordinateur pendant la "Longue Nuit des Musées en 2015". Tout le monde en a pris plein les yeux ! Plus tard, chez "Keritech", j'ai réalisé beaucoup d'autres projets tels que la rétro-ingénierie d'un délai (Delay) numérique polonais de 1986, la restauration d'un "Wheelwriter 6 d'IBM" ou d'une boîte à rythmes "PSR" de "Lell" fabriquée en URSS ; bientôt, je travaillerai à la réparation d'une calculatrice électronique fabriquée en RDA et nommée "Soemtron 220". Elle est pleine de tubes "Nixie" et de transistors au germanium - elle fonctionne en logique DTL (Diode-Transistor Logic) et mémoire centrale.
Travaillez-vous actuellement sur un projet électronique ?
Keri: Je travaille sur de nombreux projets, certains d'entre eux pour mon plaisir et pour relever des défis techniques, d'autres pour des réparations et des restaurations d'appareils anciens. Pour des raisons de confidentialité, il y a des projets que je ne peux pas partager, mais ils me donnent l'occasion d'apprendre de nouvelles choses. Il suffit de dire que je n'avais jamais entendu parler de contrôle d'impédance, d'adaptation de retards ou de via d'assemblage avant d'accepter ce travail ; je n'avais non plus jamais utilisé "Altium Designer"... J'apprends vite, j'acquiers chaque jour de nouvelles connaissances et compétences, ce que j'apprécie beaucoup. Le fait de travailler au sein d'une excellente équipe serviable constitue une formidable opportunité de développement professionnel.
Avez-vous un projet de rêve ou quelque chose que vous aimeriez entreprendre ?
Keri: Restaurer un gros ordinateur central, tel qu'un "Odra 1305", faire une série YouTube du style "CuriousMarc" ou "Usagi Electric". Sur le plan professionnel, mon grand rêve est de concevoir et de fabriquer des composants électroniques pour des applications spatiales, qu'il s'agisse de systèmes au sol ou de systèmes embarqués. Un rêve encore plus irréaliste serait de devenir astronaute, impossible en raison de ma santé, haha !
Avez-vous des conseils, des astuces ou des encouragements à donner à d'autres ingénieurs ou fabricants travaillant sur leur espace de travail électronique ?
Keri: Ne soyez pas effrayés en voyant tous ces YouTubeurs utilisant du matériel sophistiqué coûtant des milliers de dollars (et qui coûterait même des millions de dollars au prix neuf). Il n'est pas nécessaire que ce soit coûteux. Recherchez des objets d'occasion et soyez disposés à réutiliser de manière créative des objets au rebut. J'ai souvent obtenu les meilleures résultats avec du matériel gratuit, alors restez à l'affût des opportunités. Établissez des priorités. Commencez par des outils manuels, un poste à souder, une alimentation électrique adaptée aux projets sur lesquels vous travaillerez et un multimètre, puis élargissez votre parc avec un oscilloscope, un ou plusieurs générateurs et d'autres appareils de test et mesure. Soyez disposé à utiliser des dispositifs analogiques. Ils demandent un peu plus de réflexion et de volonté d'apprendre, mais il est beaucoup plus intuitif de passer d'un appareil à l'autre qu'avec leur correspondant numérique... de plus, vous pourrez apprécier la sensation tactile des boutons et des molettes.